Interview : Ally Bing

Peux-tu nous parler un peu de toi et de ton blog ?

Je m’appelle Melody, j’ai 33 ans et je suis revenue vivre à Lausanne en 2016 après avoir passé 5 ans à Paris. J’ai fait des études universitaires en sciences sociales et psychologie. Je travaille à 50% en tant que job coach en insertion professionnelle. A côté de cette activité salariée, je possède mon entreprise qui est une agence de placement de gardes d’enfants et de femmes de ménage. J’ai aujourd’hui un bon équilibre entre ces deux activités et cela me laisse passablement de temps libre durant lequel je lis, j’écris et je fais du yoga.

J’ai ouvert mon blog en septembre 2015. Au début, c’était un blog mode. J’étais partie dans cette idée car je pensais que c’était ce qui marchait et que c’était ce qu’il fallait faire. J’ai ensuite remarqué que je me sentais assez limitée et que ça ne me correspondait pas vraiment. Ce que j’avais vraiment envie, c’était d’écrire des textes sur des sujets qui me tiennent à cœur. J’ai complètement changé de ligne éditoriale et depuis j’écris sur le bien-être, le féminisme, les livres, les séries, les podcasts, la déco, les voyages. Parallèlement à cela, j’adore prendre des photos, les retoucher, créer une atmosphère avec des images. Le blog me permet de mettre tout ça en forme.

Mon blog est le reflet de ce que je suis. La vie que je montre est la vie que je vis et mon but a toujours été d’inspirer et non pas de faire envie.

Ton blog a fêté ses 5 ans l’automne dernier. Que retires-tu de cette expérience ?

Tellement de choses. Tout d’abord, mon blog m’a permis de travailler mon écriture. J’ai écrit plus de 400 articles en 5 ans. Pas tous de la même longueur ni de la même qualité mais j’ai pu exercer mon style et je pense que j’écris mieux qu’au début. Même si j’ai toujours écrit, dans des cahiers ou sur des pages Word, le blog m’a demandé une régularité dans cette pratique et m’a aidé à structurer une pensée et à l’exprimer par écrit. Je suis en train d’écrire mon premier roman depuis l’année dernière et mon blog a été un très bon terrain d’entraînement.

Ensuite, mon blog m’a permis d’oser. Oser m’exposer, oser exister, oser écrire, oser mettre des photos de moi, oser donner mon avis. Ca m’a demandé beaucoup de courage. Car s’exposer signifie aussi s’exposer au jugement et à la critique et comme j’ai toujours été très inquiète de ce qu’on pouvait dire de moi, ça n’a pas et ce n’est pas toujours facile. Aujourd’hui, ça va un peu mieux et je crois aussi qu’avec l’âge, on apprend à se dire qu’on s’en fout, finalement. Ce qui compte, c’est que je fasse ce que j’aime et que je puisse parler des sujets qui sont importants pour moi. Tout ça m’a permis, petit à petit, d’oser aborder des thèmes plus intimes dans des articles comme celui sur les règles (je me rappelle comme j’étais terrifiée de le poster en 2017 – je ne prendrais pas autant de pincettes en introduction pour parler de ça si je l’écrivais aujourd’hui) ou celui dans lequel j’explique pourquoi je ne veux pas d’enfants.

Comment vois-tu ton blog évoluer dans le futur ?

Je considère mon blog comme un tremplin, j’espère qu’il me permettra de m’appuyer sur lui et sur le travail que j’ai fourni dessus pour accéder à d’autres projets, notamment à la publication de mon roman. Mais je ne me vois pas l’arrêter. C’est vraiment mon lieu, l’endroit où je peux partager ce que j’aime et exprimer ma créativité. Je pense continuer dans la même lignée que celle d’aujourd’hui.

Comment te viennent tes idées d’articles ?

Il y a deux moments propices : quand je cuisine et quand je suis au lit, avant de m’endormir ou en me réveillant. Sinon, les idées me viennent aussi quand je suis chez moi et que je vaque à mes occupations. Je pense souvent à ce que j’aimerais lire sur d’autres blogs, je réfléchis aux sujets pouvant rendre service aux lecteur.ices. Pour l’article « Pourquoi consulter un psy », je me suis dit que ça pourrait aider à dédramatiser un peu la thérapie et peut-être encourager des gens à prendre rendez-vous.

Est-ce que tu as l’impression que ton blog t’aide à surmonter les moments difficiles, comme le confinement ou la pandémie, par exemple ?

Oui vraiment. En fait, c’est l’écriture qui me permet de surmonter les moments difficiles. J’ai d’ailleurs publié quelques articles sur le confinement l’année dernière. Ca a toujours été comme ça dans ma vie. Quand ça va moins bien, j’écris. Et je pense que ce n’est pas un hasard si j’ai vraiment commencé l’écriture de mon roman au moment où on a été confiné, en mars dernier. J’avais plus de temps et ça me permettait aussi de m’évader un peu. C’est exactement le même processus pour le blog.

Un temps, tu partageais des interviews de femmes inspirantes via ton podcast Lollipop. Pourquoi as-tu arrêté ?

J’ai adoré ce projet mais j’ai dû arrêter car cela me prenait trop de temps. J’ai lancé Lollipop en même temps que mon entreprise et j’ai fini par réaliser que c’était trop. Préparer une interview me demandait entre 6h et 8h, je lisais tout ce que je pouvais trouver sur la personne. Puis il fallait faire l’entretien, puis le montage, qui me prenait aussi des heures. C’était vraiment très intéressant, j’ai adoré cette expérience et toutes ces rencontres, mais c’était trop de travail à ce moment-là de ma vie.

En tant que féministe, trouves-tu que les blogs sont une plateforme adéquate pour s’exprimer ?

Oui, c’est une formidable plateforme pour pouvoir partager les théories féministes, écrire ses idées et les transmettre. Sur mon blog, il n’y a personne qui relit mes articles, personne qui me censure, personne qui me dit que je vais trop loin. C’est un espace totalement libre où je peux écrire ce que je veux et cette liberté est très importante. Lorsqu’on sait combien la parole des femmes est censurée un peu partout, et notamment sur les réseaux sociaux comme on l’a vu ces dernières semaines avec des comptes féministes bloqués ou supprimés, les blogs sont de formidables outils pour transmettre les savoirs librement. Ils nous appartiennent et personne ne peut nous les reprendre.

L’autre aspect que j’apprécie est le fait que mes articles féministes sont probablement lus par des gens qui n’auraient pas eu accès à ce type de contenu dans leur vie de tous les jours. J’ai un peu l’impression, parfois, que je les « attrape » ou les attire dans le féminisme en plantant des graines ici et là, au milieu d’articles sur la déco de mon salon ou des images de mes dernières vacances. J’aime bien ce mélange, ça permet aussi d’aborder des sujets plus difficiles tout en proposant aussi des articles plus légers devant lesquels on se détend et on s’inspire.

Les photos de ton blog créer une véritable atmosphère qui t’est propre. Quel matériel utilises-tu et as-tu un secret pour te prendre toi-même en photo ?

Je n’ai pas vraiment de secret pour me prendre en photo moi-même mais soit j’ai quelqu’un sous la main qui me prend en photo soit j’utilise un trépied et un déclencheur. Je recherche le meilleur cadre et je fais attention à ce qu’il y a derrière moi, que ce soit joli. Je prends une ou deux photos puis je regarde le résultat sur l’écran et j’ajuste le cadre si nécessaire. Il faut garder en tête que pour une photo réussie, il y en a 20 à 30 ratées.

Je possède un appareil plein format Canon EOS 5D Mark III avec deux objectifs, un 50mm et un 16-35mm. Pour les voyages, j’utilise un appareil hybride Fujifilm X-T20 avec un objectif 18-55 mm (bien moins encombrant et lourd que le Canon et la qualité des photos est au top).

Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui n’osent pas se lancer dans l’aventure des blogs ? 

C’est vraiment une belle aventure et si vous en avez envie, allez-y ! Ca demande du courage, ça vous expose forcément au jugement d’autrui, mais si c’est ce que vous avez envie de faire, ça vaut la peine de surpasser cette peur et de vous lancer. C’est une super plateforme pour les personnes créatives sur laquelle vous pouvez créer en toute liberté. Sachez que ça prendra beaucoup plus de temps que ce que vous imaginez et que c’est beaucoup de travail et de persévérance, particulièrement au tout début, lorsqu’on y passe des heures et qu’on a l’impression de faire la traversée du désert avec aucun.e visiteur.euse à l’horizon. Mais plus posterez des articles de qualité, plus les gens reviendront vous lire. Et avant le nombre de visiteur.euses, le plaisir que vous ressentirez en créant est à mon avis l’aspect le plus important 🙂

 

Vous pouvez retrouver Melody sur son blog ou sur Instagram !